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J’entends et je lis trop souvent dans la presse que la Belgique « n’est pas le plus mauvais élève de la classe européenne ».

A force de se contenter de ne pas être beaucoup plus mauvais, voire un peu meilleur que le voisin, l’ensemble tend vers la dégradation.

L’étudiant qui vise 10/20, la « satisfaction » d’aujourd’hui, se risque à quelques secondes sessions et un cursus suffisant, mais médiocre.

En se mêlant déjà de ce qui se passe chez nous, voire en Europe, il y a du travail et un fameux constat de démission. Il y a quelques jours, je lisais la publication de Bernard Keppenne (CBC) : « Les états se financent sans problème » !

Ben oui, la Belgique vient d’émettre une obligation à 50 ans, puisque la France et plusieurs pays européens l’on fait également : 48.8 milliards € en janvier !

Mais, se demande-t-on ce que cela veut dire ? Qui investit dans une obligation à 50 ans et pourquoi ?

Il est évident que c’est soi-disant une valeur refuge, pour des détenteurs de liquidités excédentaires. Les actions d’entreprises sont trop chères par rapport à leur valeur économique, la BCE absorbe le marché des obligations pour créer de la liquidité. L’or, depuis qu’il n’est plus un « étalon », est une valeur refuge idiotement spéculative (sauf sa composante matière première). Les terres agricoles sont chères (d’ailleurs tellement chères qu’elles détruisent la rentabilité des exploitations agricoles)…

Mais qui ? Qui dispose d’épargne et a intérêt à placer cet argent sans rendement, pour 50 ans ? Je doute que ce soit un étudiant de 20 ans qui se dit que ça lui sera bien à point quand il aura 70 ans et qu’il pourra prendre sa retraite …

Prenons un peu de hauteur

Après la crise de 2008-2009, on a massivement injecté des liquidités sur les marchés pour relancer les économies. Les états se sont endettés à des taux très faibles, donc » pas grave »… Avec ces injections massives, on s’attendait à une inflation forte, donc les états rembourseraient des clopinettes. Quand l’économie s’est un peu relevée, les états auraient du maintenir un rythme soutenu d’investissements publics, mais réduire leurs frais de fonctionnement. Au contraire, notamment en Belgique, le gouffre de la dépense publique (je ne parle pas de l’investissement public) n’a fait que se creuser. Mais pas d’inflation … Une explication est peut-être que l’inflation est une mesure relative et que comme tous les grands états mondiaux ont fait tourner  » la planche à billets », pas d’inflation relative ( ?).

Toujours est-il qu’il n’y a pas d’inflation, au sens connu.

L’arrivée du Coronavirus

Au début, c’est la panique. Mais un an après, on est toujours aux mêmes remèdes ! Bloquer l’activité sociale et économique pour éviter la multiplication du virus qui provoque l’arrivée de personnes, en fin de vie, à l’hôpital, avec le risque de saturation des soins intensifs.

La mortalité de ce virus est très faible, les symptômes quasi anodins pour la population active et jeune, mais c’est cette population qui est empêchée de bouger !

Avec les annonces angoissantes publiées en boucle sur cette épidémie avec laquelle il faudra vivre longtemps, plus d’autres pandémies qui arrivent… Comment justifier qu’en un an, on n’aie pas recréé des chambres d’hôpital, formé intensivement des infirmiers et autres personnels soignants ? Donc on ne fait rien pour permettre de soigner notre population menacée , les personnes très âgées et les personnes malades, mais on sclérose la population active et notre jeunesse !

L’état invente une série d’emplâtres à fixer sur la « jambe de bois » … celle-ci est notre économie d’aujourd’hui. Ces emplâtres, c’est la distillation d’aides et autres subterfuges anesthésiants pour calmer la population, mais qui coûte des liquidités. Pas de problème puisqu’il suffit d’émettre des obligations qui sont largement souscrites… par qui ? Evidemment par les vieux, via les banques qui cherchent à maintenir la valeur faciale des portefeuilles de leurs clients. Ce ne sont évidemment pas les jeunes de 20 ans dont je parle plus haut. Ils n’ont pas d’épargne et s’ils en avaient ne placeraient pas à 50 ans sans rendement…   

Revenons sur la « jambe de bois ». On l’a créée au fil des années postérieures à l’opulence économique. Je ne parlerai pas ici de l’industrialisation américaine de l’Europe en post guerre 40-45. Je ne parlerai pas non plus des crises pétrolières et des présages du Club de Rome, qui ne disait in fine pas autre chose que Greta … l’angle d’analyse et la politesse étaient simplement différents.

Notre « jambe de bois », donc ! Les managements dans nos industries structurantes (sidérurgie, automobile, armement, …), dans les années ’70, puis ’80, ont été calamiteux. Nos pouvoirs publics, sont intervenus pour calmer la grogne sociale attisée par un syndicat triomphant face à un patronat faible, avide de profits à court terme, incapable de développer des stratégies industrielles.

Alors, pendant les années ’90 et suivantes, on a déclaré que l’heure n’était plus à l’industrie mais aux services ! Puisque l’industrie était devenue structurellement déficitaire, « vendons, fermons, rasons, et développons les high tech et les services ».

Je reviendrai une autre fois sur cette période de destruction massive de notre industrie structurante.

Parallèlement, les grands esprits déclaraient que la mondialisation de l’économie était non seulement la panacée universelle, mais inéluctable…

Vous supprimez votre industrie structurante, vous vendez votre production d’énergie à l’étranger, vous favorisez le développement d’entreprises high tech et agiles (c’est très bien mais très facilement délocalisable), vous continuez à ponctionner fiscalement l’économie pour bien dissuader vos créateurs de valeur ajoutée, les poussant à partir sous d’autres cieux (facile avec la mondialisation) et vous avez la désertification économique de la Belgique. C’est elle notre « jambe de bois » sur laquelle l’état belge, mais il n’est pas le seul, s’échine à coller des emplâtres.    

Aujourd’hui, avec, en plus, la gestion irresponsable de la crise sanitaire, voici à quoi nous allons arriver :

  • Nous endettons nos jeunes pour ½ siècle,
  • Nos jeunes n’ont objectivement plus de scolarité digne de ce nom depuis près d’un an,
  • Contrairement aux grandes déclarations, les enfants issus de milieux défavorisés n’ont quasi aucune chance de sortir de cette période avec une formation minimum nécessaire à trouver un job. Le clivage social est largement renforcé,
  • Les vieux sont protégés, leur argent aussi (pas très productif mais à l’abri),
  • Les politiques restent au pouvoir, bien payés et confortablement entourés,
  • L’économie est quasi à l’arrêt et les jeunes ne trouveront pas de travail, pour ceux qui achèveront leurs études …

Mais tout va bien, dormez en paix, ne sortez pas, restez chez vous à ingurgiter la propagande télévisuelle. La vie est belle !   

Tant qu’on n’est pas le plus mauvais élève de la classe européenne, on ne risque pas le coin avec le bonnet d’âne !   

Patrick Chalant

02/02/2021

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